J’ai dix ans!

Il y a dix ans jour pour jour commençait mon aventure à l’École de management Léonard de Vinci, à Paris La Défense.

Dix ans d’une aventure riche, intense, parsemée de quelques haies à franchir, et surtout de rencontres extraordinaires… Petit instant nostalgique, réflexif et nombriliste…

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Ce n’est pas ainsi que je souhaitais fêter mes dix ans à l’EMLV et au Pôle Léonard de Vinci: par un billet de blog, écrit un 1er mai, entre la sieste et le passage d’aspirateur, sur le canapé du salon.

J’avais imaginé quelque-chose de chaleureux et un peu solennel: des collègues apprécié(e)s rassemblé(e)s autour d’un verre de Vouvray ou de Quincy, des sourires sincères et des accolades fraternelles échangés, et puis un discours… Un discours jouant très prétentieusement la fausse modestie, oscillant entre grandiloquence et platitudes, mais un discours sincère, jusqu’à frôler la naïveté.

Cela aurait commencé par une platitude, du genre « Je n’aurais jamais cru, en intégrant en 2010 l’EMLV et ce milieu des écoles de commerce et de management qui n’était pas le mien, y vivre une telle aventure, aussi longtemps ».

Une petite touche politique mais consensuelle, s’en serait suivi: « Pur produit de l’enseignement public, en tant qu’élève puis enseignant,  je suis arrivé il y a dix ans dans ce milieu des écoles de commerce et de management que je ne connaissais pas avec quelques à priori, pas tous positifs, mais aussi une vraie curiosité. Pour moi, Marketing était alors un gros mot, Management une science occulte, et la finance… C’était l’ennemie! ».

Serait alors venue la première leçon de fausse modestie et de réflexivité, indispensable à l’exercice: « Je dois avouer avoir depuis bénéficié d’un environnement pédagogique marqué par une richesse et une diversité intellectuelles, sociales, culturelles et humaines que je ne soupçonnais pas, et qui ne cessent de me rassurer et de m’encourager dans mon engagement dans cette activité ».

Pour faire bonne figure, l’équilibre entre recul critique et bienveillance polie aurait été maintenu: « Comme beaucoup de collègues, j’ai parfois été surpris, désarçonné, mis sous tension par les conséquences professionnelles et managériales concrètes d’un environnement des écoles de commerce et de management très compétitif. Un environnement où chacun prétend se démarquer et être différent, tout en se montrant le plus conforme possible aux normes en vigueur, qu’elles soient imposées par tel ou tel organisme ou autorité, ou auto-infligées entre pairs. Un environnement en ébullition permanente, avec ce que cela représente de positif – une obligation à s’améliorer et à évoluer en permanence -, et de négatif – une injonction à l’adaptation permanente qui donne parfois le tournis! ».

Le moment aurait alors été venu d’ouvrir la séquence réflexive: « En dix ans, ce sont ainsi plusieurs vies professionnelles que j’ai vécues. Entré comme un chercheur spécialiste des enjeux européens et internationaux faisant un peu d’enseignement, je suis devenu un enseignant faisant un peu de recherche, puis aujourd’hui un responsable de 1er cycle dont le temps est quasi-exclusivement centré sur l’enseignement et la coordination pédagogique. J’ai appris un, deux, trois, dix métiers; exploré de multiples outils et méthodes, souvent plus en suiveur constructif qu’en pionnier agile je dois l’avouer ».

Sauf à paraître profondément hypocrite, mon discours pouvait difficilement échapper à un petit moment de lucidité apaisée, confirmant au passage que j’ai bien (beaucoup?) vieilli en dix ans: « Un parcours professionnel de dix ans, au sein d’une organisation qui a dû beaucoup s’adapter pour survivre et grandir, est forcément marqué par des passages délicats à gérer. Comme le dirait Jacques Brel dans la chanson des vieux amants, ‘bien sûr nous eûmes des orages!’. Les doutes, désaccords, erreurs, tensions organisationnelles, sont inévitables dans une tranche de vie professionnelle et personnelle de dix ans. Mais je ne me suis pas ennuyé, et mon organisation et moi avons finalement su très bien grandir ensemble, pour le plus grand bénéfice mutuel. J’ai le sentiment d’avoir mené de front depuis dix ans une triple vie de père de famille épanoui, d’enseignant-chercheur investi et de sportif amateur. Cela est souvent compliqué, mais a toujours été possible: quel privilège! ».

S’en serait suivi le bouquet final d’humanité un peu sirupeuse et bien-pensante, mais néanmoins sincère: « Ce qui me frappe et me touche le plus dans ces dix ans, ce sont toutes les rencontres humaines que j’ai pu faire. Ces centaines d’étudiant(e)s toutes et tous très différent(e)s, parfois déroutant(e)s, souvent attachant(e)s, avec lesquels l’échange parfois se poursuit des années après. Ces dizaines de collègues extraordinaires, dont certains ne le sont plus ou ne sont plus, qui sont autant de sourires et de bons mots insignifiants échangés, de solidarité à toute épreuve et dans toutes les épreuves ».

Et comme il aurait bien fallut finir par quelque-chose, que l’audience aurait eu soif et que le discours était déjà trop long, cela aurait pu se terminer par un:

« Merci! Merci! Merci à toutes et tous! Ces dix ans à l’EMLV sont passés comme un éclair. A très bientôt! ».

 

 

 

 

 

 

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